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Économie : Chine retiens ton souffle !

La sortie de la Chine de sa politique « zéro Covid » n’est pas sans repos. À l’opposé de la situation occidentale, l’économie chinoise observe une tendance déflationniste sur son marché intérieur. Conjuguée à une crise immobilière, à l’endettement des gouvernements locaux et au chômage croissant de la jeunesse, la situation politique se tend.

L’État chinois et le monde entier retiennent leur souffle à la vue du risque de plus en plus probable d’un effondrement du marché immobilier chinois. Sa chute pourrait entraîner une crise financière mondiale du même type que la crise de 2008. De plus, les gouvernements locaux perdent par le même phénomène une source de financement majeure : ces derniers vendaient les terrains à bâtir au secteur privé pour rembourser leurs dettes. La province de Guizhou est désormais endettée à 100 %, tandis que d’autres provinces comme le Hubei et Liaoning ont déjà commencé à s’attaquer à la qualité des services publics.

Dans le même temps, la spirale déflationniste grignote les profits des capitalistes. Une baisse de 0,3 % de l’indice des prix à la consommation a été relevée pendant que les exportations reculent de 14,5 % en juillet 2023. Tandis que les prix et la demande continuent de diminuer, il est tentant pour un consommateur de patienter pour obtenir des prix encore plus bas (pauvre capitaliste !). Inversement, un investisseur attendra que la tendance s’inverse afin de maximiser ses profits. Cette situation vient ralentir les flux économiques du marché national, mais aussi international.

En réponse, afin de rassurer les investisseurs, l’État chinois en tant qu’administrateur du capitalisme enchaîne les cadeaux pour relever les taux de profit de ses bourgeois nationaux à travers des baisses d’impôt et un accès simplifié au crédit. Un débat a néanmoins été ouvert par des professeurs et think tanks associés aux universités publiques sur la façon dont ces investissements doivent être employés pour relancer l’économie. Xi Jinping a cependant tranché : investir en donnant l’argent directement aux travailleurs ? Cela rendrait les gens fainéants ! dit-il en chœur avec la bourgeoisie de tous les pays du monde.

Bien entendu, ces mesures ne profitent pas aux travailleurs, dont la jeunesse qui souffre de plus en plus du chômage. Celui-ci atteint désormais des sommets, si bien que l’État chinois préfère ne plus communiquer les chiffres. Les dernières indications datant de juin 2023 estimaient cependant que 21 % des jeunes étaient sans emploi. Un chiffre très probablement inférieur à la réalité : la professeure Zhang Dandan de l’université de Pékin estimait que cela pourrait atteindre les 45 % !

Le capitalisme chinois, moteur de la croissance mondiale depuis la crise de 2008, semble aujourd’hui atteindre des limites difficilement surmontables. Les milliards d’argent injectés par l’État à corps perdu dans une politique de grands travaux en Chine et à l’étranger (les célèbres « routes de la soie ») n’ont servi qu’à retarder, mais aussi aggraver, la crise économique qui semble imminente. Avec l’apparition d’un chômage de masse, jointe à un début d’appauvrissement de la fameuse « classe moyenne chinoise », base sociale du Parti communiste chinois, une telle crise ne pourrait qu’avoir des conséquences exceptionnelles et faire vaciller le régime.

Pierrot Frey